Thèse de doctorat en Musicologie soutenue par Grégoire Bauguil, sous la direction d'Isabelle His (Criham / Université de Poitiers) et Rodobaldo Tibaldi (Université de Pavie, antenne de Crémone).

• Date et lieu de la soutenance : 18 décembre 2023, Université de Poitiers, faculté des Sciences humaines et arts

 

 

Présentation du thème de recherche

Les modes musicaux et leur ordonnancement en France et en Italie (1571-1652)

Le langage tonal apparaît progressivement à partir du XVIIe siècle. Avant cela, c’est la modalité qui est le système musical théorique de référence. Historiquement, les modes sont construits à partir de quatre notes , mi, fa et sol. Chacune peut proposer un mode qui se développe dans l’aiguë (mode authente) ou bien dans le grave (mode plagal) faisant 8 modes au total. À l’origine, il s’agit d’une théorie musicale monodique qui sera appliquée, non sans problèmes, à la polyphonie. En 1547, l’humaniste suisse Heinrich Glarean, après un travail auprès des Anciens, rend légitime deux notes supplémentaires le La et le Do portant leur nombre à 12 que le vénitien Gioseffo Zarlino réordonne sur Do en 1571.

Cependant, ce système n’est pas uniforme car dans la théorie et dans la pratique, les auteurs se réfèrent soit aux 8 modes, soit aux 12 (selon l’ordre ancien ou le nouveau) et de plus, un système alternatif sur 10 modes est aussi attesté dans la pratique. Cette pluralité a donné lieue à de nombreux discours théoriques ainsi que de véritables disputes dans lesquelles les notions d’Anciens et de Modernes sont omniprésentes. Pour essayer de comprendre quelle est la situation en cette période de transition du langage musical, il semblait intéressant de regarder comment les différents textes théoriques se positionnent sur le sujet sans pour autant exclure le répertoire car nombreux sont les cycles construits sur tous les modes. Cependant, là aussi il existe une diversité particulièrement intéressante car, outre le système modal utilisé, le but de l’organisation interne peut prendre plusieurs visages. On peut organiser selon les modes pour répondre à une utilité pratique et repérer facilement du répertoire adapté aux chanteurs ou aux organistes pour des offices. L’organisation peut aussi être le moyen pour un compositeur de montrer sa capacité à traiter le système tout entier, cependant il n’est pas rare que ces deux formes d’organisation communiquent et bien souvent, la dimension pédagogique n’est jamais très loin.

Pour élargir cette recherche, la perspective d’une comparaison franco-italienne est apparue logique car ces deux pays ont depuis longtemps entretenu des relations culturelles fortes. Malgré cette proximité, il est clair que chaque pays suit sa propre voie. Le système modal de référence se stabilise rapidement en France en faveur des 12 mode selon le nouvel ordre alors qu’en Italie l’homogénéité n’existe pas. Parler de modes dans la théorie c’est aussi s’interroger sur les différents types de traités et de musiques qui abordent le sujet. Cette réflexion permet aussi d’observer les différents profils de ces acteurs dans le maniement des modes et une évidence s’impose : la science des modes gravite autour d’une élite parmi les musiciens.

 

Composition du jury

– Mme Isabelle His, Professeure des Universités (Université de Poitiers)
– Prof. Rodobaldo Tibaldi, Professore Associato (Università di Pavia, sede di Cremona)
– Mme Catherine Deutsch, Professeure des Universités (Université de Lorraine)
– Mme Théodora Psychoyou, Maîtresse de conférence HDR (Sorbonne Université)
– M. Philippe Canguilhem, Professeur des Universités (Université de Tours)
– Prof. Massimo Privitera, Professore Ordinario (Università di Palermo)
– Prof. Marco Mangani, Professore Associato (Università di Firenze)

 

École doctorale

ED 612 Humanités – Université de Poitiers