• Date et lieu de la soutenance : 3 février 2023 – Université de Poitiers, faculté de Sciences Humaines et Arts
Présentation du thème de recherche
Il existe encore très peu de travaux consacrés à la musique d’Église française du XIXe siècle, nonobstant l’essor considérable de ce domaine d’étude pour l’époque moderne depuis les années 1990 et des avancées des musicologies anglaise et allemande sur le sujet à l’échelle européenne. L’historiographie moderniste française est ancrée dans un collectif d’historiens, musicologues et théologiens réunis autour de projets précis et profite de la forte dynamique des études sur la musique baroque des années 1980. Tandis qu’éclosent des projets de grande ampleur et des publications transdiciplinaires qui actualisent régulièrement les problématiques liées aux métiers de la musique d’Église, aux pratiques musicales in ecclesia ou à la place de la musique dans l’expérience du culte à l’époque moderne, l’historiographie contemporanéiste commence juste à s’organiser collectivement. Les travaux sur le sujet arrivent en ordre dispersé et se concentrent généralement sur la période 1830–1905, délaissant les années charnières entre les XVIIIe et XIXe siècles.
La découverte collective d’un important fonds de partitions et parties séparées de Pierre Desvignes (1764–1827), maître de musique de la cathédrale de Chartres de 1785 à 1793 puis de celle de Paris de 1802 à 1827, offre la possibilité d’étudier le lien entre liturgie et création musicale dans une chronologie qui enjambe la Révolution française. L’emploi de la musique figurée à l’église est très réglementée et fait l’objet de débats passionnés depuis la fin du XVIIe siècle. L’historiographie a démontré qu’il pouvait y avoir un écart considérable entre les règles et la réalité de la pratique, poussant les historiens et les musicologues à étudier la question de différents points de vue (autorités ecclésiastiques, critiques, musiciens) et à différentes échelles (synodale, conciliaire, diocésaine,
capitulaire, individuelle).
Nous proposons d’étudier la question de la création musicale au service de la liturgie à une échelle très localisée, par l’examen croisé des livres liturgiques, du Registre des délibérations capitulaires de Notre–Dame de Paris et des œuvres de Desvignes. Nous pourrons ainsi mesurer la distance entre les règles édictées par les chanoines, les usages traditionnels, la réalité de la pratique et interroger systématiquement le paradigme d’une rupture révolutionnaire dans le domaine de la musique d’Église. Notre thèse est également l’occasion d’approfondir l’analyse de phénomènes artistiques majeurs au tournant du siècle, à savoir l’essor de la messe concertante, le déclin du motet à grand chœur et l’usage de la symphonie et des formes de la musique de théâtre à l’église. À travers cette étude de cas, nous tenterons de mettre au jour les éléments essentiels à un décloisonnement chronologique salutaire pour l’étude de la musique d’Église en France.
Composition du jury
– Rémy Campos (Professeur d’histoire de la musique, CNSMDP / Responsable de la recherche, Haute École de musique de Genève) – Directeur de recherches
– Youri Carbonnier (Professeur en histoire moderne, Université d’Artois)
– Achille Davy-Rigaux (Directeur de recherches en musicologie, CNRS/IReMus)
– Katharine Ellis (Professor of Music, Cambridge University)
– Thierry Favier (Professeur en musicologie, Université de Poitiers) – Directeur de recherches
– Fanny Gribenski (Assistant Professor of Music, New York University)