Thèse de doctorat en Musicologie préparée par Ailin Arjmand, sous la direction d'Isabelle His (Criham / Université de Poitiers) et Philippe Canguilhem (Université de Tours).

• Date de dépôt du sujet : septembre 2021

 

 

Présentation du thème de recherche

De la transcription à la composition. La chanson française en Italie (1550-1600) et ses versions instrumentales

La chanson française, tout comme d’autres formes musicales profanes, s’est diffusée à une vitesse sans précédent au XVIe siècle grâce au développement de l’imprimerie. Pourtant, sa diffusion ne s’est pas limitée aux frontières de la France : elle s’est répandue dans de nombreux pays d’Europe, et notamment en Italie. L’abondance de chansons françaises dans les recueils italiens jusqu’au milieu du siècle, atteste de sa popularité auprès des Italiens. Nous constatons d’ailleurs en Italie la permanence d’une pratique apparue dès le début du XVIe siècle, qui consiste à arranger des chansons françaises pour les jouer aux instruments, sous le titre de « Canzona ».

Dans la continuité de cette pratique, à partir de 1570 environ, apparaissent des compositions instrumentales originales appelées canzone francese ou canzon da sonar qui ne sont plus l’arrangement d’un modèle vocal, mais qui empruntent les caractéristiques des chansons françaises. Ce nouveau genre, qui connaît une expansion considérable après 1580, contribue à l’émergence de la sonate baroque.

Des recherches récentes sur cette canzon da sonar existent, mais elles ne tiennent pas compte d’un phénomène important : en Italie, les chansons françaises continuent aussi d’être arrangées pour instruments parallèlement à l’épanouissement du nouveau genre instrumental. Mes recherches viseront à étudier ce répertoire négligé pour en évaluer la nature et le comparer à la canzon da sonar. En effet, il règne une certaine confusion car sous des intitulés voisins, on trouve dans les sources des arrangements instrumentaux de chansons vocales, qui cohabitent avec des compositions originales « dans le style de » la chanson française.

Ainsi, ce travail doctoral tâchera de répondre aux questions suivantes : comment passe-t-on de la transcription instrumentale de chansons déjà existantes à la composition d’œuvres instrumentales autonomes ? Où se situe la frontière entre ces deux activités ? Les transcriptions de chansons ont-elles eu une incidence sur les autres formes instrumentales composées à cette époque ? Mais aussi, par quels canaux la chanson française se diffuse-t-elle en Italie dans la deuxième moitié du XVIe siècle ? Un autre aspect de cette recherche qui s’ouvre vers d’autres disciplines est en effet l’étude des contextes historique, politique et culturel dans lesquels s’est effectué ce transfert, dont l’aspect musical est l’objet de mon intérêt.

 

École doctorale

ED 612 Humanités – Université de Poitiers