Thèse de doctorat en Histoire contemporaine présentée par Véronique Blanchard, sous la direction de Frédéric Chauvaud (Criham / Université de Poitiers).

• Date et lieu de la soutenance : 9 juin 2016 – Poitiers, faculté des Sciences humaines et arts

 

 

Présentation du thème de recherche

« Mauvaises filles » : portraits de la déviance féminine juvénile (1945-1958)

Cette étude, qui porte sur la spécificité de la déviance féminine juvénile dans l’immédiat après- guerre, s’inscrit dans une histoire de la justice, de la jeunesse et du genre. Á partir d’archives judiciaires, les dossiers individuels du Tribunal pour enfants de la Seine et du Centre d’observation de Chevilly-Larue, elle retrace, à travers les mots des « experts » et les paroles des jeunes filles, l’essentiel de la sociabilité juvénile féminine, tout en cernant le contexte social et familial des classes populaires dans le Paris de la Libération. Ces éléments permettent de mettre en lumière l’importance des normes de genre dans la société des années 1950 : une « mauvaise fille » n’équivaut pas à un « mauvais garçon ».

Cette thématique est abordée en termes de parcours et de portraits. Ainsi se dégagent les trois figures centrales de ce travail : des délinquantes, peu dangereuses pour le corps social ; des fugueuses, nombreuses et inquiétantes car susceptibles de tomber dans la troisième catégorie, la plus menaçante : celle des débauchées. La dimension morale est donc au centre des attentes concernant les conduites féminines juvéniles. L’intervention de la justice, par conséquent, se présente essentiellement comme le régulateur des supposés débordements sexuels des adolescentes : le traitement judiciaire des mineures délinquantes, fugueuses et débauchées, se résume à leur enfermement dans des institutions religieuses. Tout en soulignant le poids de l’ordre moral et l’importance du contrôle social dans la décennie qui suit la Seconde Guerre mondiale, cette étude pointe néanmoins également la force de résistance et l’élan vital de certaines de ces « mauvaises filles », incorrigibles, qui se jouent des conventions et décident malgré tout de vivre libres.

 

Composition du jury

Sarah Fishman (présidente du jury)
Frédéric Chauvaud (directeur de thèse)
Jean-Jacques Yvorel
Sylvie Chaperon (rapporteur)
Mathias Gardet (rapporteur)