Thèse de doctorat en Histoire moderne présentée par Marie Cloutour, sous la direction de Thierry Sauzeau (Criham, Université de Poitiers).

• Date et lieu de la soutenance : 17 décembre 2021, Université de Poitiers

 

 

Présentation du thème de recherche

Les relations entre l’Homme et la mer dans l’estuaire de la Seudre et sur l’île d’Oléron au XVIIe siècle

Notre thèse de doctorat se concentre sur une période charnière du règne de Louis XIV. Période charnière car le renforcement du pouvoir royal et conséquemment de l’autorité de l’Etat entraîne de nombreux bouleversements à l’échelle du Royaume de France. En effet, Sully, Richelieu et Mazarin établissent les notions de commerce exclusif mais aussi les monopoles sur divers produits comme le sel par exemple. Néanmoins, cette vision ne parviendra jamais réellement à s’imposer. Le contexte économique de la première moitié du XVIIe siècle est donc plutôt libéral par défaut. La rupture a lieu au début du règne de Louis XIV et l’arrivée au pouvoir de Colbert car le pouvoir royal cherche désormais à placer le littoral sous tutelle et cela grâce notamment à la création de compagnies de commerce à monopole comme par exemple la compagnie des Indes Orientales, calquée sur le modèle de la Vereenigde Oost – indische Compagnie néerlandaise. Nous ajouterons également à cela la promulgation de la grande ordonnance de la Marine d’Aout 1681 ou encore la réforme de la ferme générale. Tous ces éléments vont accroître la surveillance pesant sur les sociétés littorales ainsi que la fiscalité sur les ressources issues de la mer. Nous passons donc au cours de la seconde moitié du XVIIe siècle d’un contexte libéral à un contexte protectionniste. Ce changement de politique au niveau national a également des répercutions au niveau de l’estuaire de la Seudre et de l’île d’Oléron. L’objectif de cette étude sera donc de voir dans quelle(s) mesure(s) les impulsions politiques ont – elles modifiées les cadres environnementaux, sociaux et économiques des habitants du « pays des Isles de Xaintonge » durant le règne de Louis XIV ?
Pour cela, trois axes seront développés. La question environnementale peut, bien évidemment, être abordée à travers un corpus de cartes anciennes. Néanmoins, il apparaît nécessaire de mobiliser d’autres sources puisque les cartes de la seconde moitié du XVIIe siècle, mises à part les cartes levées par Claude Masse à la fin du siècle, sont très peu précises, faute d’outils mathématiques appropriés. Une attention particulière est portée aux zones sensibles à l’envasement ou encore à l’ensablement et parmi celles – ci, nous noterons plus particulièrement le havre de Brouage et le chenal de la Perotine sur l’île d’Oléron puisque leur dépérissement tout au long du XVIIe siècle préoccupe plus particulièrement le pouvoir royal car le commerce maritime mais aussi fluvial pourrait être assez durement affecté.
Par ailleurs, une large partie de cette recherche sera consacrée à un travail sur la société littorale du « pays des Isles de Xaintonge. » L’objectif sera de voir comment les habitants utilisent la mer. Autrement dit, les Saintongeais maritimes tournent – ils le dos à la mer pour former une société rurale « traditionnelle » ou bien au contraire avons-nous affaire à une société tournée principalement vers l’économie maritime et donc, par définition, plus « ouverte ».
Le dernier axe de réflexion aborde sous un aspect principalement quantitatif la question des échanges maritimes et de ses circuits. En effet, en se basant sur trois sources différentes qui sont l’inventaire de la flotte marchande réalisée en 1664, la série des rapports de mer allant de 1679 à 1681 et le Rolle général des bastimens de mer employez au commerce daté de 1686. Ces sources nous permettent de mieux appréhender la structure de l’économie et les changements qui l’ont affectée au cours de la seconde moitié du XVIIe siècle.

 

École doctorale

ED 612 Humanités – Université confédérale Léonard de Vinci