Thèse de doctorat en Histoire contemporaine présentée par Julien Gaillard, sous la direction de Frédéric Chauvaud (Criham / Université de Poitiers).

• Date et lieu de soutenance : 8 décembre 2021 – Université de Poitiers

 

 

Présentation du thème de recherche

La tuberculose au prisme des émotions dans les sanatoriums des années 1910 aux années 1940

Les temps anciens ont vécu la peste, notre siècle le SIDA et le cancer, les XIXe-XXe (jusqu’à la moitié) ont subi la tuberculose aux côtés de la syphilis et du choléra. Du début XIXe, découverte de l’unicité de la tuberculose par Laennec, à la découverte des antibiotiques dans les années 1940 s’écrit une histoire médicale à la fois riche et défaillante : la médecine semble être dans l’incapacité de guérir les tuberculeux. Une mythologie foisonnante apparaît dans la période romantique jusqu’aux années 1940 qui révèle les peurs, les angoisses, les rêves et les phantasmes d’une société. D’abord variété d’un mal de vivre la tuberculose semble proche du spleen pour lentement laisser sa place à l’angoisse épidémique.

L’objectif et l’intérêt de cette thèse n’est pas de faire une histoire de la tuberculose mais bien de renouveler l’approche de la maladie et des malades , l’interaction médecin et de son patient, afin de mieux comprendre la vie du malade dans une aire médicale qui semble aux marges de la société formant un microcosme : le sanatorium. Loin de ces figures romanesques, la fascination cède la place aux peurs, aux angoisses de la contagion. Le mal, logé dans ses rues sordides, ses taudis, ses lieux insalubres, prolifère. La guerre contre la tuberculose sert de support à la mise en place d’un pouvoir disciplinaire, un réseau de surveillance sanitaire et hygiénique des individus au sein du sanatorium. L’expérience au sein de ce dispositif est singulière, si on en sort on ne revient plus dans la vie « ordinaire » que l’on pouvait avoir avant la maladie. De la prise de conscience d’être malade à la vie du tuberculeux c’est une véritable traversée d’émotions. À travers cette étude qui s’inscrit dans une démarche compréhensive est déceler les conditions de vie des tuberculeux, leurs activités, leurs lieux de séjour (sanatorium, dispensaire, hôpitaux) qu’il convient alors d’appréhender. Le personnel médical (médecin, infirmière-visiteuse) mais aussi l’entourage du malade ainsi que le malade lui-même ont laissé des traces, des documents donnant les traces de leurs activités, leurs façons de vivre dans un espace particulier, formant une communauté singulière.

Notre démarche qui vise à observer les manières, les gestes, les pratiques et les émotions au sein de cette vie communautaire, s’inscrit dans une histoire à la croisée de la maladie, des mentalités et des émotions. Permettant ainsi de donner des éléments de compréhension d’une construction d’une identité, celle du malade, des ses droits qui évoluent en parallèle d’une prise en compte lente et progressive d’une parole du malade qui semble se faire oublier.

École doctorale

ED 612 Humanités – Université confédérale Léonard de Vinci