Thèse de doctorat en Histoire moderne soutenue par Jean-Christophe Temdaoui, sous la direction de Thierry Sauzeau (Criham, Université de Poitiers).

• Date et lieu de la soutenance : 2 décembre 2020 – Poitiers, faculté des Sciences humaines et arts (en visioconférence)

• École doctorale : ED 612 Humanités – Université confédérale Léonard de Vinci

 

 

Présentation du thème de recherche

Du Fleuve à l’Océan : l’arrière-pays de Saintonge-Angoumois, une expérience atlantique (1666-1792)

Quelles relations l’Angoumois et la Saintonge de l’intérieur ont-elles tissées avec l’Océan au XVIIIe siècle ? Si cette question est une évidence historique pour les sociétés littorales de l’Aunis et de la Saintonge maritime, elle l’est moins quand on s’intéresse à l’arrière-pays plus lointain. Loin de n’être qu’un drain économique pour approvisionner le port-arsenal de Rochefort, fondé en 1666, la vallée de la Charente fédère et structure un arrière-pays riverain et périphérique au fleuve pour le mettre en relation avec l’Atlantique. Dès lors, comment cet arrière-pays, où le tropisme fait irruption sous impulsion royale,  participe aux dynamiques atlantiques ? C’est à cette question complexe que se propose de répondre un travail de doctorat qui tentera au prisme d’une approche historique plurielle mêlant la géohistoire, l’histoire de l’environnement, l’histoire des migrations, l’histoire sociale et l’histoire de la culture matérielle, de révéler les contours et les modalités de la maritimisation de l’arrière-pays au temps du premier empire colonial.

La période qui s’étend de la Guerre de Sept Ans aux premiers troubles révolutionnaires de Saint-Domingue (1791-1792) a laissé d’abondantes archives qui permettent à l’historien d’orienter ses travaux dans trois principales directions :  tout d’abord, les réalités d’une géographie fonctionnelle d’un cadre maritime original à la fin du XVIIIe siècle (les quartiers maritimes, les places périphériques du commerce, la conflictualité des acteurs du fleuve, la normalisation fluviale au temps de la monarchie absolue, la construction d’une représentation fluviale), puis les dynamiques humaines d’une « expérience de la mer », directe ou indirecte, affrontée ou médiatisée, pour un arrière-pays marqué par des mobilités professionnelles contraintes (celles des matelots et des soldats du corps royal de la Marine) ou des trajectoires volontaires du départ (les passagers pour les Isles) et enfin les répercussions sociales et culturelles de l’ « atlantisation » de la région par les trajectoires de retour (implantations châtelaines, unions matrimoniales entre familles d’officiers de la Marine et noblesse provinciale) et la production de marqueurs sociaux dans la culture matérielle quotidienne (mobilier, consommation de produits exotiques…).

En réfléchissant à trois échelles géographiques (la côte, la pleine mer, les mondes ultra-marins insulaires caribéens avec les îles de Saint-Domingue, de la Martinique et de la Guadeloupe), cette thèse vise à aborder, à travers l’exemple du cœur fluvial charentais, de Saintes à Angoulême, la manière dont l’Océan, sous l’impulsion royale, est producteur d’une culture maritime originale, appropriée de manière différenciée par l’engagé, le gabarrier, l’officier ou le négociant dans une région fortement marquée par l’omniprésence d’une culture de la terre autour des figures du viticulteur et du laboureur.

 

Composition du jury

 Vincent Cousseau, Maître de conférences, Université de Limoges
– Philippe Jarnoux, Professeur des Universités, Université de Bretagne Occidentale
 Caroline Le Mao, Maîtresse de conférences HDR, Université Bordeaux Montaigne
– Silvia Marzagalli, Professeure des Universités, Université Nice-Côte d’Azur
– Frédéric Régent, Maître de conférences HDR, Université Paris I Panthéon-Sorbonne
– Thierry Sauzeau, Professeur des Universités, Université de Poitiers