
• Gilles Malandain, 2011
• Éditions de l’ÉHÉSS
collection En temps et lieux, 336 p.
Présentation
À la sortie de l’Opéra, le soir du 13 février 1820, le duc de Berry, neveu du roi Louis XVIII et l’espoir de la vieille dynastie des Bourbons, tombe sous le coup de poignard d’un obscur ouvrier sellier nommé Louvel. Provoquant stupeur et indignation, cet attentat précipite une crise politique qui couvait déjà. Les royalistes, exaspérés, dénoncent un complot et réclament une grande réaction autoritaire, tandis qu’avec la même intensité, leurs adversaires libéraux se défendent de toute responsabilité dans le meurtre. Pendant quelques semaines, on s’interroge sur l’identité et les mobiles du » nouveau Ravaillac » et l’on recherche activement ses hypothétiques complices. Les signalements et les indices affluent, sans résultat probant : pressenti partout, le complot reste à l’état de rumeur, introuvable. Cet ouvrage invite d’abord à réfléchir sur la dynamique de l’événement, mais aussi sur les logiques, les moyens et les résultats paradoxaux de l’enquête judiciaire, passionnant laboratoire du social. En diversifiant les sources et les éclairages, il propose aussi une plongée dans une France post-révolutionnaire hantée par son proche passé et incertaine de son destin.
Interprété comme le résultat d’un complot contre la monarchie, ce quasi régicide a suscité la mobilisation des agents de l’État et secoué le corps social. Ce récit s’intéresse à la création de cette affaire, depuis les représentations de l’événement à ses perceptions populaires en passant par les mécanismes de l’enquête policière et judiciaire. Le complot se révélant introuvable, l’investigation se déploie dans des pistes très variées. De cette enquête résulte d’abondantes archives judiciaires, policières, véritable gisement de bruits, de conversations suspectes, de lettres anonymes qui informent sur les divers usages de la politique dans la France de 1820. Elles font se rencontrer le discours politique légitime et le « bruit populaire », le pays « légal » et le pays « réel ».
Gilles Malandain nous fait vivre l’intensité de la rumeur et de l’échange social suscités par l’attentat. Une très belle étude dont les résonances excèdent la France de 1820.