Conférence par Maryvonne Charmillot, maîtresse d’enseignement et de recherche à l’université de Genève, Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation. Séminaire transversal de l'axe Les angles morts de la recherche. Histoire, histoire de l’art, musicologie du laboratoire Criham (Universités de Limoges et Poitiers), organisé sous la coordination de Laurence Montel et Anne Massoni.

• Jeudi 12 mai 2022 – 17h / 19h

• En visioconférence (webex)

• Ouvert à toutes et tous

 

 

Présentation

Maryvonne Charmillot est maîtresse d’enseignement et de recherche à l’université de Genève, Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation.

Et si la pensée moderne, en produisant de nouvelles connaissances, devenait à certains égards plus ignorante ? Alain Caillé, dans sa Critique de la raison Utilitaire (1989) dressait le constat d’une « stagnation de la pensée » en affirmant que l’humanité aurait une moins grande propension à s’interroger sur elle-même. Selon lui, biens que le nombre d’universitaires ou de chercheurs et de chercheuses  a été multiplié par cent au cours des dernières décennies dans les sciences sociales, les connaissances, voire même simplement les questions n’ont pas augmenté en proportion. La première partie de mon intervention questionnera ce paradoxe à travers l’examen de la production de l’ignorance. Je proposerai un panorama des diverses formes de fabrication de l’ignorance auxquelles participe le cadre conventionnel scientifique dominant. Cet examen s’inscrit dans une posture critique dans la mesure où  l’ignorance « n’est pas simplement ce qui dépasse les limites de la connaissance, mais le résultat de processus actifs desservant notamment les groupes les plus marginalisés de la population »[1]. Il s’agit donc de se demander quelles voix sont connues, reconnues, méconnues, inconnues, ignorées dans les travaux scientifiques ? Cette critique de la fabrication de l’ignorance ne s’exprime pas seulement dans ce qu’elle dénonce mais aussi dans les alternatives qu’elle propose. Ces alternatives seront l’objet de la seconde partie de mon intervention, à travers la caractérisation d’approches qui permettent « de faire la place pour l’expression de toutes les voix (à toutes les voies) » (Coutellec, 2013, p. 147). Je présenterai des épistémologies qui incarnent une manière de produire de la connaissance à partir des interactions sociales, des groupes d’appartenance ou encore des institutions par lesquelles chacune et chacun d’entre nous a été socialement construit.

 

[1] Référence à l’appel à communication du GT21 de l’AISLF Production de l’ignorance

 

Conseil bibliographique

• Florence Piron et Élisabeth Arsenault (dir.), Guide décolonisé et pluriversel de formation à la recherche en sciences sociales et humaines, Ésbc. Disponible en ligne