Présentation
À partir de 1790, un grand nombre de musiciens d’Église, partout en France, perdent leur poste et leurs revenus, en raison de la suppression des chapitres et des abbayes, et plus généralement des modifications intervenues dans l’organisation du culte à la suite de la Constitution civile du clergé. Les dossiers que les musiciens et musiciennes rassemblent alors dans le but d’obtenir un secours (pension, indemnité) constituent une base documentaire de premier ordre pour connaître cette profession dans les dernières années de l’Ancien Régime.
Le riche corpus ainsi constitué est aujourd’hui conservé aux Archives nationales à Paris (séries DXIX et F19) et dans toutes les archives départementales (série L essentiellement, parfois série Q), occasionnellement dans des archives municipales.
Il fait l’objet depuis 2003 d’une enquête nationale lancée sous l’impulsion de Bernard Dompnier (CHEC, Clermont-Ferrand), à laquelle ont participé plus de 80 contributeurs et contributrices selon des modalités et à des degrés divers.
L’enquête archivistique est à présent terminée et en cours d’exploitation. Elle donne lieu à la mise en œuvre d’une base de données prosopographiques qui regroupera à terme plusieurs milliers de musiciens et musiciennes. Conçue par Jérémy Crublet et Benoît Michel (Centre de musique baroque de Versailles), et actuellement coordonnée par Sylvie Granger (CERHIO-UMR 6258, Université du Maine) et Isabelle Langlois (CHEC, Clermont-Ferrand), cette base est aujourd’hui activement alimentée par une quinzaine de chercheurs et chercheuses de différentes régions, de tous âges et statuts.
Les innombrables documents retrouvés, tant aux Archives nationales que dans les divers dépôts départementaux et parfois municipaux et diocésains, sont peu à peu saisis dans la base de données Muséfrem sous forme de « notices-document » (actuellement au nombre de 20 000, qui ne sont pas [encore] ouvertes à la consultation publique). Toutes les « notices-document » concernant un même individu – dans certains cas, elles peuvent être très nombreuses – sont synthétisées pour donner naissance à une notice biographique.
Ces notices biographiques sont progressivement mises en ligne sur le portail PHILIDOR, via l’onglet Muséfrem, au rythme des travaux de saisie et d’analyse. Ceux-ci donnent lieu, en même temps, à la rédaction de textes qui présentent les contextes locaux et les lieux de musique d’Église retrouvés dans chaque département traité. Ainsi peu à peu se dessine une géographie de la France musicale à la fin de l’Ancien Régime…