• Date de dépôt du sujet : septembre 2023
Présentation du thème de recherche
La présence du clergé irlandais dans les diocèses de Nantes et Luçon aux XVIIe-XVIIIe siècles

L’introduction en Irlande de la Réforme anglicane, commencée sous le règne d’Henri VIII (1504-1547) et confirmée sous celui d’Élisabeth (1558-1604), se combine avec une politique de colonisation de l’île et une entreprise civilisatrice d’anglicisation. L’Irlande connaît alors une période de coexistence entre une Église officielle d’État, minoritaire, et une hiérarchie catholique clandestine, relevant de Rome, et soutenue par la majorité des Irlandais. Vivre sa foi en Irlande lorsque l’on est de confession catholique ne va plus de soi.
L’une des réactions suscitées par les restrictions pesant sur l’exercice du culte catholique est la fondation sur le continent, dans les territoires acquis à la contre-réforme, d’une constellation d’établissements de formation religieuse destinés à l’accueil des jeunes irlandais privés de structures universitaires dans leur pays. L’objectif affiché est la reconquête spirituelle de l’Irlande par le retour de ces prêtres missionnaires façonnés par les préceptes du concile de Trente. Pour mieux cerner les mécanismes diasporiques, nous avons choisi de porter notre attention sur le groupe des prêtres irlandais réunis officiellement en communauté à Nantes à la fin du XVIIe siècle. Ce choix est motivé par l’importance prise par leur collège au siècle suivant, en dépit de sa constitution tardive, mais aussi parce que les familles irlandaises installées à Nantes sont suffisamment bien connues pour permettre d’appréhender finement le rôle du clergé au sein d’une organisation élargie.
L’échantillon est constitué d’environ 600 prêtres nés en Irlande et dont la présence est attestée dans l’un des diocèses de Nantes et de Luçon aux XVIIe et XVIIIe siècles. Les données rassemblées permettent d’établir un portrait collectif de ce clergé émigré en identifiant notamment les origines géographiques des individus, leurs fonctions cléricales et leurs implantations au sein de la société française. Cette première approche met en évidence la structure d’accueil que constitue la « communauté des prestres hybernois de Nantes » et les fonctions qui lui sont dévolues, notamment par les autorités locales. Il s’agit d’élaborer une cartographie des lieux de vie et d’influence de ces ecclésiastiques en exil, autrement dit des « espaces (…) intermédiaires » dans lesquels se forment les interactions avec l’environnement local. L’étude de ce segment de la communauté, sur le temps long, mettra en évidence les motifs politiques et/ou religieux conjoncturels qui précipitent parfois l’exil, et distinguera, en creux, les facteurs structurels plus durables qui motivent le déplacement. Elle offrira aussi un éclairage sur l’aire d’influence du collège nantais et son impact sur la politique missionnaire en Irlande.
École doctorale
ED 612 Humanités – Université de Poitiers