Thèse de doctorat en Histoire de l'art soutenue par Habiba Aoudia, sous la direction de Nabila Oulebsir (Criham / Université de Poitiers).

• Date et lieu de la soutenance : 5 décembre 2024, Université de Poitiers

 

 

Présentation du thème de recherche

Prosper Ricard (1874-1952), acteur de la « renaissance des arts indigènes » et de la patrimonialisation des arts d’Afrique du Nord

Prosper Ricard (1874-1952) fut, dans l’Afrique du Nord des années 1900 à 1950, l’artisan d’une « rénovation des arts indigènes », pour leur patrimonialisation et leur utilité sociale, économique et politique dans le contexte impérial.
Jeune instituteur rural vosgien, il intègre la Section spéciale de l’École normale d’Alger- Bouzaréa (1899-1900), qui préparait les instituteurs français à enseigner dans les écoles indigènes, au moment où les débats sur la « décadence » des arts indigènes amenaient de nouvelles orientations pour un enseignement professionnel à l’attention des jeunes Musulmans. Il intègre alors les Cours d’apprentissage et développe une passion pour l’art musulman. À Tlemcen (1900-1903), puis à Oran (1903-1909), Prosper Ricard commence à élaborer une « méthode » qui vise à permettre la production d’un artisanat d’art de qualité. Méthode qui sera déployée, à terme, dans toute l’Algérie, une fois devenu Inspecteur de l’Enseignement artistique et industriel, à Alger (1910-1915).
Mais c’est dans le « Protectorat artistique » de Lyautey au Maroc, où il est démobilisé en 1915, qu’il trouvera l’environnement propice à l’aboutissement de son action. Son levier n’est plus l’enseignement professionnel, mais la direction du Service des Arts Indigènes (1920-1935). Ils créent les musées d’art musulman qui deviennent le pivot de sa méthode.
Cette recherche montre le rôle qu’il a joué, à travers le décryptage de l’élaboration et de la diffusion de sa « méthode » de rénovation, par lui-même et ses disciples. Au cours de cette thèse sont constamment mis en perspective, la biographie de Prosper Ricard et le concept de rénovation des arts indigènes dans sa genèse, ses pratiques, ses enjeux dans les politiques indigènes en Algérie, en Tunisie et au Maroc jusqu’en Tripolitaine, au prisme des « logiques d’empire » d’institutionnalisation du système éducatif ou patrimonial. On applique ici la méthode de la micro-histoire, en situant les décisions d’un homme dans la grande histoire. Les sources sont à la fois nombreuses et méconnues, voire nouvelles, avec la mise à jour des archives personnelles de Prosper Ricard qui permettent d’apporter un nouvel éclairage sur sa vie et sur un pan de l’histoire coloniale.

 

Composition du jury

– Sophie DULUCQ, Pr. Univ. Jean-Jaurès Toulouse 2 – Rapporteure
– Christine MUSSARD, MCF HDR Université d’Aix-Marseille – Rapporteure
– Nabila OULEBSIR, Pr. Univ. Poitiers – Directrice de thèse
– Sarah PIRAM, Responsable de l’Unité patrimoniale Afrique du Nord et Moyen-Orient, Musée du quai Branly-Jacques Chirac, Paris – Examinatrice
– Dominique POULOT, PR émérite Univ. Panthéon-Sorbonne-Paris 1 – Examinateur

 

École doctorale

ED 612 Humanités – Université de Poitiers