• Angoulême, Cité internationale de la bande dessinée et de l’image
Vaisseau Mœbius, salle Nemo
• Entrée libre, dans la limite des places disponibles
Présentation
Les corps bossus, estropiés, grimés abondent dans la bande dessinée mais ils n’ont jamais fait l’objet d’une étude spécifique. Si les zombies prolifèrent depuis peu, les super héros envahissent les planches depuis plusieurs décennies, quant aux cirques et à leur cortège d’êtres singuliers, ils n’ont pas été absents des planches des années 1920. Sans doute peut-on faire l’histoire de la bande dessinée, par genre, par période, par support, par mise en pages. Mais qu’elle soit histoire en images ou récit graphique, la bande dessinée est un objet culturel de plus en plus visible. Le décor, les personnages, les couleurs peuvent retenir l’attention mais il est possible de faire l’histoire de la bande dessinée par rapport aux représentations visuelles du corps. Dénudés, engoncés dans des vêtements trop amples, esthétisés, présentés de manière hyperréaliste les corps humains se succèdent d’une case à l’autre. Le corporel, qui peut être défini comme le discours sur le corps, informe sur les sensibilités d’une époque. L’entrée la plus révélatrice est sans aucun doute celle des représentations hors normes, c’est-à-dire ici des corps difformes ou grotesques. Dans les planches de Winsor McCay, Flip et Impy qui accompagnent souvent Nemo, peuvent apparaître comme des êtres contrefaits, ce qui pose la question des limites. De même, nombre de personnages dessinés à la fin du XXe siècle par Jacques Tardi ou Enki Bilal appartiennent assurément à cette catégorie.
La présente manifestation n’entend pas se consacrer aux gnomes et aux monstres. Les corps difformes et grotesques sont d’abord ceux qui ne se situent pas dans la norme. Usuellement, la norme peut être considérée comme un « modèle juridique d’exclusion ». Selon Michel Foucault, devenir sujet c’est s’exposer à la production d’une norme ; être sujet c’est appartenir à un groupe ou à une collectivité, « à un certain “ nous” ». Nul doute qu’une norme biologique ou physionomique correspond souvent à une norme sociale et culturelle. Mais la norme correspond aussi à un principe d’intégration. Il faut être dans la norme, mais il existe aussi des microsociétés d’êtres infâmes ou difformes qui s’opposent à la société des corps ordinaires ou normaux. A l’intérieur, il n’y a pas d’exclusion, seulement des différences.
Programme
Mercredi 2 décembre 2015
• 14h – Discours de bienvenue et présentation de la manifestation
Corps déformés
Président de séance : Henri Garric
14h30 – 15h30
• Jean-Philippe Martin (Cité internationale de la bande dessinée et de l’image)
Le style deforume dans les mangas
• Guillaume Garnier (Université de Poitiers)
Le croquemitaine dans la bande dessinée française : un être difforme, multiforme ou sans forme ?
Corps attractifs et repoussoirs
Président de séance : Jean Paul Gabilliet
15h30 – 17h
• Frédéric Chauvaud (Université de Poitiers)
Le futur du passé : le naufrage des corps. La chair grotesque, défigurée, estropiée et monstrueuse dans la série-fleuve de science-fiction de Jean-Claude Forest et Paul Gillon (1974-1989)
• Désiré Lorenz (Université de Poitiers)
Contrefaire le hors-norme. La parodie de la figure du super-héros dans la bande dessinée alternative et l’art contemporain
• Elsa Caboche (Université de Poitiers)
La belle et les bêtes : des corps entre désir et répulsion
• 17h – Conférence inaugurale : Jean Paul Gabilliet (Bordeaux 3)
Les corps contre-culturels chez R. Crumb Rick Griffin et S. Clay Wilson
Jeudi 3 décembre 2015
Corps et morales
Président de séance : Denis Mellier
9h30 – 10h30
• Oswald Wysocki
Différences, handicaps et difformités physiques dans les comics Marvel. Une dialectique esthétique et narrative face aux problématiques sociétales pour l’égalité et l’intégration aux Etats-Unis (1961 à nos jours)
• Jérôme Lamy (Laboratoire PRINTEMPS, Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines)
Incarner le mal ou s’en défendre. Les corps grimés, possédés ou malades dans les aventures de Blake et Mortimer d’Edgar P. Jacobs
Corps malléables
Président de séance : Jacques Dürrenmatt
10h40–12h
• Henri Garric (Université de Dijon)
Des corps caoutchouc : déformation du corps dans la bande dessinée comique, de Gotlib à Edika
• Gabriel Tremblay-Gaudette (Ottawa)
Malléabilité des corps dans l’œuvre de Tayio Matsumoto
• Edouard Lekston (Paris) & Pascale Drouet (Université de Poitiers)
Richard III ou les métamorphoses du bossu : une « translation » graphique d’Édouard Lekston
La dynamique des monstres
Président de séance : Jean-Philippe Martin
14h10-15h40
• Jacques Dürrenmatt (Université Paris-Sorbonne)
Devenir monstre dans Dream of the Rarebit Fiend de W. McCay
• Marion Lejeune (Université de Poitiers)
Faire parler le Prosopopus de Nicolas de Crécy : le monstre comme principe grotesque
• Hélène Martinelli (ENS Lyon)
Quand ce qui figure défigure : Qui prend l’épée périra par l’épée
Vendredi 4 décembre 2015
Mise en scène
Président de séance : Pierre Prétou
9h30 – 10h30
• Jean-Matthieu Méon (Centre de Recherches sur les Médiations – Université de Lorraine)
De Luba à Fritz, les actrices de papier de Gilbert Hernandez : le corps-objet, sa critique et son exploitation. L’auteur et le corps de ses personnages
• Sofiane Bouhdiba, (Professeur, Université de Tunis)
Le super héros difforme : un élément d’équilibre dans l’équipe ?
Cruauté et morbidité
Présidente de séance : Pascale Drouet
10h50 – 11h50
• Pierre Prétou
Les capitaines furieux et cruels dans la bande dessinée
• Philippe Tomblaine
On a crevé la bulle : la représentation de la Mort dans le 9e Art
• 12h – Conclusion