Conférence musico-théâtrale organisée dans le cadre des Journées européennes du patrimoine, sous la coordination de Simone Visciola, avec le soutien du laboratoire Criham et de la commission Culture de la Faculté des Sciences humaines et arts, Université de Poitiers.
Dessin : Rosario Gennaro

• 19 septembre 2015 – 16h30

• Poitiers, cour de l’hôtel Fumé
8 rue René Descartes

• Entrée libre

 

 

Programme

Performance musico-théâtrale

Camillo De Felice (pharmacien et musicien-comédien, Université Federico II – Naples)

Un ample espace sera consacré à la musique populaire napolitaine liée à la figure de Polichinelle à travers la mise en scène de morceaux traditionnels, accompagnés par la guitare et rythmés par des percussions diverses dont la tammorra et le putipù, instruments typiquement napolitains dont Camilo de Felice est, en Italie, l’un de ses plus authentiques représentants.

Au programme :

• Voje fa’ Pullecenella (Je veux faire Pollichenelle)
• Michelemmà
• Magnetismo
• Tarantella alla Montemaranese
• Cicerenella
• Tarantella da fatica
• Il Puti pu
• Pullecenella e Bat-man

Au cours de la représentation alterneront des textes et des chansons populaires de la tradition napolitaine :

Voix, tammorra et putipù  : Camilo De Felice
Accordéon, danse du Vésuve, percussions : Rita Tumminia

 

Introduction historique

Simone Visciola (Université de Toulon)
Polichinelle entre mystère et histoire. Considérations à partir d’une étude de Benedetto Croce.

 

Commentaire linguistique de textes

David Gonzalez Mediano (Université de Poitiers)
Polichinelle : le napolitain sans frontières ?

Un petit glossaire de termes napolitains et leur traduction en français conçu par David Gonzalez Mediano sera mis à disposition de l’auditoire.

 

Présentation

Difficile de définir Polichinelle. Pour Benedetto Croce, la complexité des définitions que les critiques d’art, les historiens, les psychologues ont tenté de donner à ce “personnage type” aux origines mystérieuses que la commedia dell’arte consacra en est la responsable. Figure devenue universelle, “incarnation ethnique” et patrimoine culturel non seulement de Naples et de sa région de l’Italie la Campanie mais aussi de la Méditerranée et de l’Europe. “En réalité, soulignait Croce, la raison de cette impossibilité à le définir est très simple (…) et aux choses simples, on ne pense pas!” .

Polichinelle ne désigne pas un personnage artistique déterminé, mais plutôt une “constellation de personnages”, dans des contextes et situations diverses : Polichinelle est en même temps le sot du village, le ridicule, l’avare, le gredin… des rôles qu’un seul nom vient synthétiser, derrière le masque noir et sous la tunique blanche. Des éléments qui ne peuvent être attribués sinon à lui, enracinés dans l’imaginaire collectif et en mesure de franchir les limites de l’espace et du temps. Si bien que la complexité des phénomènes qu’il évoque est présente dans de nombreuses expressions artistiques (théâtre, musique, littérature…) tout en parvenant à stimuler les réflexions d’auteurs tels que Johann Wolfgang von Goethe et Carl Gustave Jung, pour en citer quelques-uns.

La performance de Camillo de Felice ouvre cette constellation complexe de personnages polichinellesques en révélant le langage et les gestes par le biais de textes originaux en dialecte napolitain, mis en scène par l’auteur depuis plusieurs années dans la Péninsule, notamment O’ mercato, O’ tuocco e Voglie fa’ Pullecenella. Une démonstration de comment Polichinelle a, à travers les temps, représenté, et représente encore aujourd’hui, non seulement les thèmes classiques liés à la Commedia dell’arte, au théâtre aux masques, au carnaval… Mais il tient à montrer comment cette figure a pu s’enraciner dans les us et coutumes, dans les traditions culturelles, religieuses, magiques de territoires divers au point de rester vivant dans les expressions de la société contemporaine.