4e manifestation organisée dans le cadre des Rencontres d'Angoulême, Penser et comprendre la Bande dessinée, en partenariat entre l'Université de Poitiers (la MSHS, les laboratoires Criham et Forell), la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image, le Pôle Image Magelis, avec la participation de l’École Européenne Supérieure de l’Image, du CPER Insect, du Grand Poitiers, Grand Angoulême et de la Région Nouvelle Aquitaine, sous la coordination de Frédéric Chauvaud (Professeur d’histoire contemporaine, Université de Poitiers) et Denis Mellier (Professeur de littérature générale et comparée).

• du 29 novembre au 1er décembre 2017

• Angoulême, Cité internationale de la bande dessinée et de l’image

• Gratuit, sur inscriptions auprès de : mmartinot@magelis.org

 

 

Présentation

En dehors des monstres, des zombies et autres morts-vivants, la BD célèbre pratiquement depuis ses origines les corps athlétiques et sensuels, magnifiés par le talent de dessinateurs venant d’horizons très différents. La musculature du Tarzan de Burne Hogarth s’étale de case en case de 1937 à 1950, la beauté érotisée de Barbarella, créée par Jean-Claude Forest, fait la conquête du lectorat dès 1962. Depuis, toutes sortes de personnages de papier, à la beauté insolente ou au physique
impressionnant ont vu le jour.

Mais il existe d’autres représentations corporelles moins visibles. Les corps handicapés ou mutilés se retrouvent dans les récits graphiques traitant de la guerre. Les
nombreuses planches produites par Tardi figurent assurément parmi les plus hallucinantes, mais les bandes dessinées mettant en scène la guerre civile espagnole, les conflits dans l’ex-Yougoslavie ou encore le génocide au Rwanda ont apporté toutes sortes de contributions à la présence d’un corps malmené, amputé, rendu infirme. La bande dessinée « historique » dont l’action se situe dans l’Antiquité ou au Moyen Âge compte de nombreux corps atrophiés, dont les membres ont été tordus ou coupés. La science-fiction a fait un sort aux bas-fonds, aux espaces interlopes, aux lieux marginalisés accueillant des corps handicapés et mutilés. Mais d’autres genres et univers graphiques n’ignorent pas les corps estropiés et défigurés.

Ces personnages ne sont pas enfermés dans une vision doloriste, ils ne sont pas des laissés pour compte, bien au contraire. Certains super héros se déplacent en fauteuil roulant, d’autres sont aveugles, à l’instar de Daredevil. Plus récemment, Okko, le samouraï, ou plutôt le ronin car il n’a pas de maître, est manchot. Il n’est pas relégué à la marge des récits, réduit au rôle de figurant entraperçu entre deux chevauchées. Malgré son handicap, il est le personnage principal d’une série remarquée, publiée depuis 2005 et qui compte, à travers cinq cycles, dix albums.

Les récits de la veine comique n’ignorent pas les personnages handicapés, mais ne leur accordent pas le même statut. Dans la série des aventures d’Astérix et d’Obélix, Triple patte, l’un des malheureux pirates dont le navire fait régulièrement naufrage, parodie d’un autre personnage de BD, est apparu dans Astérix Gladiateur. Très tôt, il a acquis une grande notoriété.

L’univers des corps handicapés et mutilés ne se limite pas à ces albums. Dès que l’on y prête attention, ils s’avèrent fort nombreux.
La visée du présent colloque et d’en rendre compte à travers plusieurs approches.