• Limoges, Faculté des Lettres et Sciences humaines
Présentation
Le voyage anonyme constitue un topos bien répandu dans la littérature de voyage, dénotant une pratique qui a probablement existé à toutes les époques. Toujours est-il que cette dernière, de même que son « reflet » littéraire, n’ont guère fait l’objet d’une analyse systématique. Leur étude en vaudrait pourtant la peine. En dépassant le caractère anecdotique attaché trop facilement à cette thématique, il s’agirait d’interroger celle-ci sur tout ce qu’elle enseigne – dans les situations historiques les plus diverses – sur les pratiques itinérantes. On peut en effet penser que le voyage anonyme, dans son « extravagance » même, dans son caractère liminal, constitue un vecteur significatif des conditions du voyage et des façons de percevoir et d’apprivoiser celui-ci. Le changement de nom n’est pas la seule technique à prendre en considération à ce propos. Sous le terme de « voyage anonyme », nous entendons regrouper l’ensemble des cas de figure caractérisés par des voyageurs amenés à dissimuler, temporairement, et ne serait-ce que partiellement, leur identité. Si certaines de ces constellations semblent se reproduire « à l’identique » à travers les siècles, telle la voyageuse déguisée en homme, tel le prince dissimulant son statut, le travail consistera à les situer dans leur contexte historique précis. Lors du premier âge moderne, marqué par l’émergence de plusieurs confessions chrétiennes à l’intérieur de l’Europe, les voyageurs sont sans doute nombreux à dissimuler leur appartenance religieuse lorsqu’ils quittent les limites territoriales de la leur. À d’autres occasions, à d’autres époques, les origines sociales, professionnelles, ethniques ou nationales du voyageur peuvent faire l’objet de soucis analogues.
Le colloque cherchera à aborder ces terrains d’analyse dans la perspective d’une anthropologie historique du voyage, en rendant compte de la diversité des situations et des lieux, depuis l’Antiquité jusqu’au XXe siècle, à travers les sources les plus variées, saisies en série ou permettant l’analyse de cas particuliers. De même, l’interrogation est ouverte à d’autres disciplines, des Lettres jusqu’à l’ethnologie.
Comité scientifique
• Rainer Babel (Deutsches Historisches Institut, Paris)
• Gilles Bertrand (Université de Grenoble 2)
• Jean Boutier (EHESS, Marseille)
• Alicia Ruiz Gutierrez (Universidad de Cantabria)
• Rita Mazzei (Università di Firenze)
• Dominique Valérian (Université de Lyon 2)
• Sylvain Venayre (Université de Grenoble 2)